Les principaux KPIs à surveiller pour une gestion optimale du patrimoine immobilier
Il y a un adage qui dit « Ce qui ne se mesure pas, ne s’améliore pas ». Si tous les grands principes sont à prendre avec des pincettes, la mesure de la performance est tout de même un sujet important dans une logique d’amélioration continue.
Et le pilotage du patrimoine immobilier ne fait pas exception. Selon les enjeux de votre patrimoine immobilier (technique, énergétique, économique, social), plusieurs familles de KPIs sont à suivre. Tour d’horizon.
Les KPIs pour la maintenance immobilière et le suivi technique
La santé technique du patrimoine ne se devine pas : elle se mesure. Mettre en place un suivi régulier à travers des indicateurs clés de performance (KPIs) est indispensable pour prévenir la dégradation, prioriser les interventions et optimiser les budgets d’entretien.
Voici cinq indicateurs essentiels à suivre :
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Nombre d’interventions de maintenance par an
Cet indicateur reflète l’intensité d’usage et la pression d’exploitation exercée sur le parc. Une hausse brutale peut signaler une vétusté accrue ou un défaut de maintenance préventive. -
Délai moyen de traitement des interventions
Il mesure la réactivité des services techniques internes ou des prestataires. Un délai long peut impacter la satisfaction des usagers et révéler des dysfonctionnements organisationnels. -
Taux de quitus validés (réceptions sans réserve)
Cet indicateur de qualité reflète la bonne exécution des travaux de maintenance et le respect des engagements contractuels. -
Coût global de maintenance par m²/an
Ce ratio permet d’évaluer l’efficience économique de la gestion technique. Il est particulièrement utile pour comparer des bâtiments ou secteurs de taille et usage comparables. -
Taux d’interventions correctives vs préventives
Un bon indicateur de maturité dans la gestion technique : plus la part de préventif est élevée, plus la gestion est anticipée, maîtrisée… et souvent moins coûteuse à long terme.
Suivre ces KPIs dans la durée permet non seulement d’améliorer le pilotage opérationnel, mais aussi de nourrir la stratégie patrimoniale avec des données concrètes et actionnables.
Les KPIs pour le suivi de la performance énergétique
Dans un contexte de transition énergétique et face aux exigences croissantes du décret tertiaire, la performance énergétique du patrimoine devient une priorité stratégique. Mettre en place un suivi rigoureux à l’aide de KPIs dédiés permet de piloter les actions, d’en mesurer l’impact et d’orienter les investissements.
Voici les principaux indicateurs à surveiller :
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Consommation énergétique annuelle par m² (kWh/m²/an)
C’est l’indicateur de base pour évaluer la performance énergétique d’un bâtiment et identifier les sites les plus énergivores. -
Évolution de la consommation après travaux
Il permet de mesurer concrètement les gains obtenus à la suite d’une rénovation énergétique. Un outil indispensable pour objectiver les résultats et ajuster les plans d’action. -
Coût énergétique annuel par bâtiment
Cet indicateur économique aide à hiérarchiser les priorités d’investissement. Les bâtiments les plus coûteux en énergie sont souvent ceux à traiter en priorité. -
Part de bâtiments en conformité avec le décret tertiaire
Un indicateur de suivi réglementaire essentiel, qui reflète le niveau d’alignement du parc immobilier avec les objectifs légaux en matière de réduction des consommations. -
Réduction annuelle des émissions de CO₂
Cet indicateur relie performance énergétique et transition écologique. Il permet d’aligner la stratégie du patrimoine immobilier aux objectifs de neutralité carbone fixés à l’échelle nationale ou locale.
Mis en perspective avec les autres volets du PSP ou du SDIE, ces indicateurs renforcent la capacité des organisations à piloter une stratégie énergétique cohérente, durable et conforme aux obligations réglementaires.
Les indicateurs à suivre pour la gouvernance et la stratégie
Les KPIs spécifiques aux bailleurs sociaux
Pour les bailleurs sociaux, la gestion patrimoniale ne peut être dissociée des enjeux d’occupation, de satisfaction des locataires et de maîtrise des investissements. Le suivi d’indicateurs ciblés permet d’évaluer l’efficacité des actions menées, tant sur le plan économique que social.
Les indicateurs clés à suivre :
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Taux d’occupation des logements
C’est l’indicateur clé de la performance locative. Il reflète la capacité à mobiliser le patrimoine de façon optimale, et donc à générer des recettes locatives régulières. -
Taux de vacance
Un indicateur inverse, mais tout aussi essentiel. Il alerte sur les pertes de recette mais aussi sur les risques accrus de dégradation. C’est le pouls de la santé de l’organisme. -
Taux de satisfaction des locataires
Mesuré par des enquêtes régulières, il permet d’évaluer la perception des occupants sur plusieurs dimensions : entretien, réactivité des interventions, qualité du logement. Un baromètre précieux pour ajuster la politique de proximité et de maintenance. -
Suivi d’avancement du Plan Pluriannuel de Travaux (PPT)
Il s’agit de mesurer le respect des engagements pris dans le cadre du plan pluriannuel de travaux : pourcentage d’opérations réalisées, écarts de planning ou de budget, priorités respectées. Cet indicateur permet d’assurer la cohérence entre stratégie patrimoniale et exécution opérationnelle.
En intégrant ces KPIs spécifiques, les bailleurs sociaux peuvent piloter une stratégie équilibrée entre performance économique, qualité de service et pérennité du patrimoine, en réponse directe aux attentes des territoires et des locataires.
Les KPIs spécifiques aux collectivités territoriales
Les collectivités territoriales gèrent un patrimoine immobilier diversifié au cœur de la vie locale : écoles, équipements sportifs, bâtiments administratifs. Pour en assurer une gestion efficace, durable et adaptée aux attentes des usagers et agents publics, certains KPIs sont particulièrement pertinents :
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Suivi de l’avancement du Schéma Directeur Immobilier et Énergétique (SDIE)
Cet indicateur mesure la progression concrète des actions engagées dans le cadre du SDIE : taux de réalisation des opérations, respect des échéances, atteinte des objectifs en matière de performance énergétique et de modernisation du bâti. -
Taux d’occupation des bâtiments publics
Il permet de suivre l’utilisation réelle des équipements (écoles, gymnases, bureaux, etc.) et d’identifier les bâtiments sous-exploités. Cet indicateur alimente les réflexions sur l’optimisation de l’occupation ou la mutualisation des locaux. -
Indicateurs de Qualité de Vie au Travail (QVT) liés au patrimoine
Ils mesurent la satisfaction des agents sur le confort thermique, acoustique et ergonomique des bâtiments. Ces données permettent de faire évoluer les environnements de travail pour favoriser bien-être et efficacité.
Ces KPIs offrent aux collectivités une grille de lecture concrète pour ajuster leur politique patrimoniale, prioriser les investissements et renforcer la qualité de service public. Un pilotage éclairé au service des territoires et de leurs habitants.
Comment bien choisir ses KPIs en fonction de ses objectifs stratégiques ?
Un tableau de bord efficace ne se distingue pas par la quantité d’indicateurs suivis, mais par leur capacité à éclairer les décisions et à servir les priorités stratégiques. Choisir les bons KPIs, c’est structurer un pilotage patrimonial lisible, pertinent et utile à tous les niveaux de l’organisation.
Quelques principes pour faire les bons choix :
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Repartir de vos objectifs stratégiques
Le choix des indicateurs doit répondre à vos priorités :-
Réduire les charges d’exploitation ?
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Valoriser votre patrimoine immobilier ?
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Améliorer l’expérience usager ?
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Réduire l’empreinte carbone ?
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Limiter le nombre d’indicateurs
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Visez 10 à 15 KPIs maximum pour que le pilotage reste lisible. Au-delà, la lisibilité se perd et l’action devient floue. Un bon indicateur est clair, ciblé et utile.
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Prioriser les indicateurs actionnables, ceux qui peuvent entraîner une décision concrète ou une réorientation. Un bon KPI n’est pas qu’un thermomètre : c’est un déclencheur.
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Impliquer les équipes opérationnelles
Les services techniques, la gestion locative ou la direction financière doivent participer à la définition des indicateurs. Ce sont eux qui produisent et utilisent les données au quotidien. -
Assurer la fiabilité des données
Un indicateur n’a de valeur que si ses données sont fiables, régulières et faciles à produire. Évitez les KPIs trop complexes ou basés sur des données difficiles à collecter. -
Adapter les KPIs dans le temps
Vos indicateurs doivent évoluer avec la maturité de votre stratégie patrimoniale. Ce qui est pertinent aujourd’hui ne le sera pas forcément demain.
Les KPIs sont les instruments de navigation d’une gestion patrimoniale moderne et ambitieuse. Sans eux, il n’y a ni cap, ni anticipation, ni réelle capacité à progresser. Ce sont eux qui permettent de transformer des constats en décisions, et des intentions en actions concrètes.
Choisir les bons indicateurs, les suivre régulièrement et les intégrer dans les routines de pilotage, c’est se donner les moyens de :
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Maximiser la valeur et la performance du patrimoine, en identifiant les leviers de valorisation et les actifs à repenser,
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Optimiser les coûts d’exploitation, en agissant sur la maintenance, l’énergie ou l’usage des bâtiments,
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Atteindre les objectifs énergétiques et sociétaux, en respectant les engagements réglementaires et climatiques,
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Améliorer l’expérience des usagers, qu’ils soient locataires, agents ou citoyens, en plaçant leurs besoins au cœur des priorités.
Mesurer, c’est piloter. Et piloter, c’est progresser durablement, avec méthode, agilité et vision.
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