Dans un contexte de plus en plus exigeant, la qualité de la relation entre bailleurs sociaux et locataires s’impose comme un enjeu stratégique majeur. Selon l’Union Sociale pour l’Habitat (USH), 80 % des locataires se déclarent satisfaits de leur bailleur, une proportion stable depuis 2019.
Mais derrière cette moyenne se cachent encore de nombreuses marges de progression, notamment sur la propreté des parties communes, le traitement des demandes techniques et la communication en cas de problème.

La relation locataire : une priorité stratégique pour les bailleurs sociaux
Des locataires plus exigeants, des bailleurs plus exposés
Les attentes des locataires HLM évoluent : ils veulent plus de réactivité, plus de clarté, plus de preuves d’attention. Parallèlement, les bailleurs doivent répondre à des exigences croissantes :
- Le suivi de la qualité de service par l’ANCOLS, les commissions de concertation locative, et la production d’AOR (Avis d’Orientation et de Recommandation), qui rappellent les axes d’amélioration prioritaires ;
- Le respect des engagements inscrits dans la Convention d’utilité sociale (CUS), document de référence contractualisé avec l’État, qui fixe les objectifs en matière de service aux locataires, de gestion du patrimoine, de réhabilitation ou de performance environnementale.
Ainsi, les incidents répétés du quotidien (ascenseur en panne, demande ignorée, ménage mal fait) ont des impacts directs sur la satisfaction et la fidélité des locataires ; la mobilisation des équipes (qui gèrent des sollicitations souvent redondantes) et, à terme, l’image du bailleur et la valeur à long terme du patrimoine (perte d’attractivité, vacance, dégradation de la réputation).
Un levier de transformation organisationnelle
Faire de la relation locataire un levier stratégique, c’est aussi transformer son organisation en profondeur. Cela implique d’abord de décloisonner les services : équipes de proximité, services techniques, DSI et gestionnaires doivent travailler de concert.
Ensuite, cette transformation repose sur une responsabilisation accrue des acteurs et une meilleure traçabilité des actions menées pour garantir un suivi rigoureux et une qualité de service constante.
Enfin, le pilotage de cette relation doit s’appuyer sur la donnée, avec des indicateurs clairs et des objectifs mesurables, pour inscrire chaque action dans une dynamique d’amélioration continue.
Astuce 1 : Renforcer les contrôles de propreté et structurer leur suivi
La propreté des parties communes figure parmi les premiers motifs d’insatisfaction des locataires HLM. Les enquêtes de satisfaction le montrent année après année : ce qui est vu tous les jours est jugé, commenté, parfois reproché. Et pour cause : les parties communes sont un espace collectif visible et partagé, qui incarne souvent la qualité générale du service.
Pour agir efficacement, le levier principal n’est pas de modifier les contrats, mais de renforcer les contrôles avec méthode.
Cela implique :
- Des contrôles réguliers, réalisés par les personnels de proximité, juste après les interventions de ménage, ou lors de tournées programmées ;
- Des contrôles coordonnés avec les prestataires, dans une logique de vérification conjointe, pour construire un diagnostic partagé ;
- La possibilité de faire des contrôles de reprise, c’est-à -dire : constater une anomalie, exiger une reprise, puis vérifier la levée du problème dans un délai encadré.
Ces contrôles doivent être supervisés par les managers de proximité, mais peuvent, et doivent, être réalisés sur le terrain à l’aide d’un outil structurant. Ce dernier doit permettre :
- La planification des visites ;
- La qualification des constats ;
- La traçabilité des reprises ;
- Le suivi du rythme de contrôle pour chaque résidence et chaque prestataire.
Un système de pénalités est un levier utile, mais il n’est qu’un outil parmi d’autres. Il peut sanctionner un manquement, mais ce qui transforme la qualité, c’est la présence sur le terrain, la traçabilité des constats, la pression continue sur la qualité perçue.
FOCUS : Petites résidences, grandes négligées
Les petites résidences (entre 20 et 30 logements) sont souvent moins contrôlées que les grands ensembles. Les causes sont multiples : éloignement, dispersion, gestion mutualisée. Mais le résultat est toujours le même : une qualité perçue inférieure.
Les enquêtes de satisfaction montrent que cette inégalité dans la surveillance des prestations crée une frustration durable.
Pour y remédier, il faut :
- Équilibrer les efforts de contrôle, quelle que soit la taille de la résidence ;
- Affecter des référents de proximité, même sur les sites modestes ;
- Mettre en place un pilotage rigoureux du taux de visite et du taux de contrôle correctif (reprises) ;
- S’appuyer sur un outil de gestion multi-site capable d’alerter les managers en cas de sous-contrôle.
Astuce 2 : Internaliser le ménage pour un meilleur niveau de qualité perçue
De nombreuses consolidations d’enquêtes qualité montrent que la satisfaction des locataires augmente significativement lorsque le ménage est effectué par du personnel salarié de l’organisme
Pourquoi ce modèle fonctionne-t-il mieux ?
- Meilleure connaissance du site par l’agent, qui personnalise son intervention ;
- Coordination renforcéeavec les gardiens ou les équipes de proximité ;
- Réactivité plus immédiate en cas de demande ou de besoin de reprise ;
- Simplicité de pilotage: pas d’interface avec un prestataire externe.
Ce gain de satisfaction, estimé entre +5 à +10 points, est documenté dans plusieurs retours d’expérience !
Mais ce modèle a un coût : l’internalisation est plus chère, surtout à l’échelle d’un parc étendu. C’est pourquoi l’externalisation reste souvent privilégiée. Le choix dépend du contexte local, du nombre de résidences, de la capacité à manager des équipes en régie, et bien sûr, des équilibres économiques.
Astuce 3 : Communiquer positivement sur les prestations de ménage
La communication est souvent réactive : on informe quand il y a un problème. Pourtant, la communication proactive et positive est un puissant levier de confiance.
Quelques exemples :
- Envoyer une information locataire suite à un contrôle de propreté conforme, pour valoriser le travail réalisé ;
- Communiquer après un contrôle de reprise réussi : « nous avons identifié un défaut, nous avons demandé une reprise, nous avons vérifié sa résolution » ;
- Partager régulièrement des messages simples, même sur des actions routinières, pour montrer que le bailleur agit.
Ce type de communication boucle le cycle complet : constatation → action → vérification → information, et transforme une gestion invisible en preuve de service concret.
Astuce 4 : Adopter une approche multicanale pour enregistrer les demandes techniques
Une demande technique correspond à une défaillance d’un équipement ou d’un composant du bâtiment nécessitant une intervention : fuite, panne de chauffage, interphone, porte défectueuse…
La qualité de traitement commence dès l’enregistrement. Or, les besoins diffèrent selon les profils. Les personnes âgées préfèrent le téléphone ou le contact physique. Les jeunes actifs utilisent les applications mobiles, les portails locataires, ou les formulaires en ligne. Certains locataires s’attendent à pouvoir envoyer un SMS ou passer par une messagerie instantanée…
Une stratégie efficace suppose donc :
- Une collecte multicanale (physique, téléphone, digital) ;
- Une traçabilité immédiate de chaque demande, quel que soit son point d’entrée ;
- Une centralisation intelligente, pour que les services sachent quoi faire, quand et comment.
Une bonne relation locataire commence dès cette première étape : entendre la demande, la capter au bon moment, et la transmettre correctement.
Astuce 5 : Informer régulièrement sur l’avancement des demandes techniques
Une fois la demande enregistrée, la clé de la satisfaction n’est pas uniquement dans l’intervention, mais dans l’information transmise au locataire tout au long du processus.
Ce n’est pas la survenue d’un problème qui crée l’insatisfaction, mais l’absence d’information sur sa résolution. À l’inverse, la satisfaction peut même augmenter lorsqu’un problème est bien pris en charge et que le locataire est tenu informé de manière régulière et fiable.
Il faut donc organiser une information en continu :
- Confirmation de la prise en compte de la demande ;
- Délai estimé, ou prise de rendez-vous par le prestataire ;
- Notification de l’intervention réalisée ;
- Clôture avec confirmation, idéalement personnalisée.
Pour cela, les canaux utilisés doivent être rapides, adaptés et traçables :
- Le SMS, canal prioritaire en raison de son taux de lecture élevé et de son impact émotionnel immédiat ;
- L’email pour les locataires connectés et les messages plus complets ;
- La possibilité pour les agents de proximité d’envoyer des messages personnalisés, à partir de templates, pour maintenir un lien humain et contextualisé.
Mais pour que cela fonctionne, encore faut-il que tout le monde ait la même information. C’est pourquoi il ne suffit pas d’avoir une CRM centralisée réservée au centre d’appel. Il faut que les personnels de proximité disposent d’outils de mobilité synchronisés avec cette CRM et tous les acteurs doivent pouvoir accéder en temps réel au même niveau d’information sur chaque demande. Ce partage d’information garantit que chaque réponse faite au locataire est cohérente, juste, et renforce la confiance.
Astuce 6 : Modifier la collaboration avec les entreprises pour assurer un meilleur suivi des interventions
Une grande partie des demandes techniques nécessite l’intervention d’un prestataire externe. Il est donc impératif de faire évoluer la manière dont le bailleur collabore avec ces entreprises. Une demande bien traitée suppose un suivi précis de chaque étape, de la prise de contact à la résolution :
- Transmission fluide de la demande à l’entreprise ;
- Suivi de la prise de rendez-vous avec le locataire ;
- Confirmation de la réalisation effective des travaux ;
- Notification de clôture, partagée avec le bailleur et le locataire.
Les entreprises doivent pouvoir mettre à jour les jalons d’intervention dans le système du bailleur et communiquer leurs créneaux de disponibilité, ce qui permet aux conseillers ou agents de proposer immédiatement un rendez-vous au locataire.
Cette visibilité en temps réel des créneaux est un petit plus qui change tout : pas de rappel inutile, pas de demande qui traîne, pas d’incertitude pour le locataire.
De la même manière, lorsqu’une partie des interventions est assurée par une régie technique internalisée, le pilotage est souvent plus simple… à condition d’avoir une bonne gestion de la charge, des délais et des moyens humains, et de veiller à l’équilibre économique du modèle.
Astuce 7 : Assurer une traçabilité simple, fluide et compréhensible
La traçabilité est indispensable, mais elle doit rester lisible et actionnable. Un excès de workflows, de statuts et de variantes peut rendre le système contre-productif. Il ne s’agit pas d’avoir un système complexe, mais un système efficace et clair, dans lequel chaque acteur sait ce qui a été fait, ce qui reste à faire, et ce qui peut être dit au locataire.
Un bon système de traçabilité :
- Est structuré, mais pas surchargé ;
- Donne une vision immédiate de l’état d’une demande ;
- Permet une circulation d’information fluide entre tous les intervenants ;
- Aide les équipes à piloter l’activité sans se perdre dans des détails techniques.
Il faut donc trouver le bon dosage : ni complexité excessive, ni suivi trop sommaire. L’objectif : une traçabilité claire, partagée, utile, au service du traitement… et de la relation.
Novamap & Novalab : une suite co-construite pour renforcer la qualité de service
Dans le cadre du club utilisateurs Novalab, un atelier collaboratif réunissant plus de 30 participants (bailleurs, consultants, prestataires) a permis d’identifier les leviers prioritaires pour améliorer la relation locataire.
À la suite de cet atelier, Novamap a renforcé ses fonctionnalités de communication, avec la mise en place d’une fonctionnalité complète permettant :
- La création de modèles de messages (templates personnalisés) ;
- L’envoi par SMS, email, ou les deux ;
- La ciblage multi-niveaux : une résidence, un bâtiment, une entrée, ou un groupe de locataires ;
- Une supervision consolidée de tous les envois, quel que soit le canal utilisé.
Mais ce n’est qu’une partie de la suite Novamap, qui comprend une solution complète, co-construite avec les membres du réseau Novalab, pour accompagner les bailleurs sociaux dans tous les aspects de la relation locataire :
- Un module de gestion des demandes techniques, pensé pour les usages terrain, simple à utiliser pour les agents, et connecté à la chaîne complète d’intervention ;
- Une plateforme de communication locataire multicanale, totalement intégrée à la gestion opérationnelle ;
- Un module de visites périodiques de contrôle, capable de planifier, tracer et superviser toutes les prestations (ménage, maintenance, état des lieux) ;
- Des outils d’analyse pour le pilotage de la qualité, de la réactivité et du traitement des reprises.
Tout cela dans une logique de co-construction continue avec les bailleurs et les professionnels de la proximité.
En résumé
Améliorer la relation locataire, ce n’est pas simplement mieux répondre. C’est mieux écouter, mieux organiser, mieux tracer, mieux informer.
En structurant les processus autour de 6 leviers concrets (propreté, contrôle, communication, traçabilité, intervention, pilotage collaboratif) les bailleurs sociaux peuvent faire de la qualité de service un véritable levier de transformation organisationnelle, reconnu par les locataires et mesurable dans le temps.
Avec des outils pensés pour les agents comme pour les locataires, des processus structurés sans complexité excessive, et un accompagnement pragmatique, les bailleurs HLM disposent aujourd’hui de tous les moyens pour renforcer durablement leur relation locataire.
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